NICOLAS JULIEN

Regard d’un professionnel des courses hippiques, Nicolas Julien, sur la corrida équestre à l’heure où s’ouvre la feria des Vendanges dans sa ville, Nîmes.

De l’hippodrome à l’arène, le sacre du cheval

Le cheval dans tous ses états et surtout l’équidé moteur de toute une vie. Nicolas Julien, driver d’état, n’a que 24 ans. Montant principalement sur le sulky pour son père, Régis, entraîneur à Marguerittes, dans la périphérie nîmoise, mais également pour Michel Charlot, il totalise quinze victoires et certains voient déjà en lui l’une des meilleures cravaches de la jeune génération. Comme tout bon nîmois qui se respecte, il apprécie, quelquefois, de quitter les hippodromes pour prendre place dans les gradins des arènes. A condition qu’il s’agisse d’une corrida de rejòn. Ses yeux ne quittent alors jamais le cavalier comme par peur que le cheval perde son duel. Le moindre faux pas, une patte dérapant sur le sable, nourrissent une appréhension inexplicable, une montée subite d’adrénaline. « Quand les cornes passent au ras du cheval, ça fait frissonner ».

Une passion pleine consacrée au cheval : « Si c’était à refaire ? Je suivrais le même itinéraire et parfois je m’amuse à chercher un métier qui m’aurait plu en dehors des courses hippiques. Franchement, je n’ai jamais trouvé ». Après son année de Terminale STL, Nicolas passe alors une sélection au centre d’entraînement de Grosbois pour faire un bac professionnel. Puis, dans la foulée, se voit offrir une opportunité inimaginable, un apprentissage en Mayenne chez Christian Bigeon, l’un des tous meilleurs entraîneurs du circuit. Une chance  qu’il ne peut laisser passer. De retour à Nîmes, en 2008, il retrouve le nid familial autour de Pascale, la maman, l’une des dirigeantes du comité des courses du Sud-Est et Régis-Jack, le papa, entraîneur à la tête d’un effectif de dix-huit trotteurs, dont les très prometteurs Runner Bean et Stayer. Autant dire que Nicolas, en digne descendant d’Henri Julien, un grand père qui a élevé cette petite famille au son des sabots, pourrait difficilement se séparer de l’odeur du foin émanant des boxes pour un bureau en centre-ville.

Nico confie avoir une admiration particulière pour le matador Leonardo Hernandez, mais quand le rejoneador Andy Cartagena est au paroxysme de son art, il tend presque à changer d’avis. « C’est le Jean-Michel Bazire des arènes » avoue-t-il tout sourire.

Assez peu disponible pour faire le tour des plazas de la région, Nicolas estime qu’il existe beaucoup de similitudes entre un champ de courses et une arène : « Je suis bien placé pour savoir que chaque cheval possède son propre caractère, ses spécificités, mais quand je vois se produire Cartagena, on ressent immédiatement qu’il sait tirer la quintessence du cheval. C’est un peu comme dans les courses. On peut mettre le meilleur jockey sur un cheval qui n’avance pas, il ne gagnera pas plus que les autres ».

Les sensations sur la selle, Nicolas les connaît forcément, mais en compétition, plusieurs paramètres les rendent impossibles. « Avec mes 1m80 je suis trop grand, et trop lourd avec mes 72 kilos. Imaginez le plomb sur le dos d’un cheval habitué à porter environ 55 kilos. Mon père laisse plutôt cette responsabilité à Christophe Haret ou David Laisis voire Anthony Tomaselli. Je me contente du sulky qui permet d’autres sensations, mais sans jamais d’appréhension. Si on pense à l’accident, on ne gagne pas. Je présume que face au toro, le matador doit rentrer dans le même état d’esprit ». Pas question pour autant d’échanger la casaque contre l’habit de lumière, même si au final, « ce sont toujours les chevaux qui font les hommes, rarement le contraire », note-t-il. Cette conjugaison entre l’humain et l’animal procure un plaisir incommensurable.  Pour cela, il faut se lever très tôt le matin et ne pas sourciller face à l’amplitude horaire. « Ici, avec la chaleur dans le Sud, il faut démarrer l’entraînement dès 5 heures du matin jusqu’à midi, puis reprendre le service vers 17h, pas avant ». C’est faute d’acharnement qu’on construit les victoires. Nicolas Julien comme les meilleurs toreros en conviendront. Mais Nico ne met pas la barre haute. Il ne rêve pas de remporter le prix d’Amérique à Vincennes. De passer le poteau en tête à Nîmes, pour le Prix Henri Julien, son grand-père, suffirait à son bonheur. Pour réussir ce que Régis n’a jamais pu concrétiser. Il a ce brin de talent pour réussir dans son entreprise. Cela ferait rayonner toute une famille qui, de génération en génération, se transmet le plus bel héritage : celui de l’harmonie autour de la valeur équine.

-Source Fabrice Rougier – La Marseillaise

(Un vrai journaliste que je ne suis pas, on peut noter la différence)

 

Pridame Monochromenicolas julien

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