ROLAND JAFFRELOT

Il est l’un des rois du midi depuis des années, et il a été un grand professeur pour denombreux professionnels qui brillent désormais à leur tour, comme Stéphane Cingland, Jean-Charles Feron ou François Lecarpentier Sur l'hippodrome de Cagnes, Roland Jaffrelot, 61 ans, est incontournable. Ici, tout le monde connaît « Monsieur Jaffrelot ». Et pour cause, il est un des plus anciens du circuit.

C'est justement là, sur son hippodrome de cœur, que ce Varois d'adoption est rentré dans l'histoire. Il est devenu le premier entraîneur français au trot à atteindre le cap des 2 500 victoires. Et avec plus de 1600 en tant que driver, il affiche un des meilleurs taux de réussite chez les trotteurs.

Ce mercredi de janvier restera gravé dans sa mémoire. Il est 16 h 40 et des poussières. Monsieur Jaffrelot est au sulky de son élève âgé de 10 ans, Nouistiti. Et c'est comme un premier rendez-vous. Il a le cœur qui bat. Il a mal aux tripes. D'ici quelques minutes ce sera le départ. Et peut-être celui de sa 2 500e victoire en tant qu'entraîneur. Deux minutes 36 secondes et 61 centièmes plus tard, c'est fait. « Jaf » est entré dans la légende. L'homme à la casaque grenat peut être fier. Et dans ses yeux, la petite étincelle qui caractérise tant son regard, est encore plus radieuse.

Comme la toute première fois où il a mis les pieds sur un hippodrome. C'était en Normandie. « Mon père était turfiste, il me traînait sur tous les champs de courses. C'est là que j'ai attrapé le virus. »

Pas celui des courses et du jeu. Mais celui du cheval.

A 14 ans, il est lad. A 18 ans, il fait ses premières courses en tant que driver. « Je n'étais pas un champion, mais j'ai pu commencer à acheter mes premiers chevaux. A 30 ans, j'en avais une dizaine que j'entraînais et drivais. »

Et puis Roland Jaffrelot a continué à grandir. Doucement mais sûrement. A son image. Sans à-coups. « A 40 ans, j'ai gagné mes premières courses. »

Un haras à la Celle dans le Var

Il y a 25 ans, avec une dizaine de chevaux, il débarque à la Celle dans le Var pour y faire son fief. Il n'y a rien et tout est à faire. Son haras, Roland Jaffrelot l'a construit lui-même, pierre par pierre, grâce à chaque course gagnée.

Aujourd'hui, il compte 70 chevaux. Et c'est toute sa vie. Roland Jaffrelot ressemble à ces instituteurs qui enseignent parce qu'ils ont ça dans le sang. « Mes chevaux ce sont comme des enfants. Je les éduque, je les guide. Pour les faire grandir. Tant mieux s'ils deviennent des cracks ! »

Mais c'est son cœur qui dicte sa méthode d'entraîneur. Et elle est toute simple. Elle part d'abord d'une devise : « Si on perd aujourd'hui, on gagnera demain. ». Avec ses élèves, Roland Jaffrelot ne va jamais dans le rouge. « Cela peut être fatal. Et un cheval, ça ne se répare pas. » Son truc à lui, c'est la douceur. Alors il n'hésite pas à grattouiller les naseaux, à ébouriffer le toupet. Ensuite tout se fait au feeling. Mais toujours dans le calme et sans être trop exigeant.

Roland Jaffrelot ne passera sans doute pas le cap des 3000. Même pas celui des 2550 victoires. Car après presque cinquante de carrière, le multiple sulky d'or a fait son temps. Et il va raccrocher « avant que les chevaux ne me prennent tout ce qu'il me reste ».

Mais toujours en douceur. Il a vendu la moitié de son haras à son apprenti Stéphane Cingland. Quant aux courses, ce grand champion du trot va se mettre au pas. « J'ai décidé de ne courir cette année que les meetings de Cagnes. Après, on verra bien... »

Publié par Nice Matin le 29 Janvier 2011.

 

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